A peine passé le choc du référendum, le gouvernement Villepin annonçait la mise sur le marché de 20 à 22 % du capital de Gaz de France, dont environ 8 % sous forme daugmentation pour soi-disant financer son développement. Ce trompe-l’œil vise à masquer la décrépitude de la politique économique et sociale menée par les gouvernements Raffarin. Le choix est dogmatique et non industriel. L’objectif est de renflouer les caisses de l’Etat mises à mal par les baisses d’impôts. Seule une faible part de l’argent récolté par cette privatisation rampante contribuera au développement du groupe.
Le gouvernement confirme ainsi l’analyse de la FCE-CFDT. Gaz de France a aujourd’hui les moyens de son développement et n’a nullement besoin de capitaux extérieurs pour sa croissance externe. Au regard des résultats financiers de ces trois dernières années, le projet industriel du groupe, dont le contenu est à approfondir, pourrait être financé par des fonds propres et le recours à un endettement mesuré. Si l’Etat abandonnait trois années de dividendes, il donnerait à Gaz de France le milliard et demi d’euros nécessaires à son projet. Mais cette privation de recettes est incompatible avec les promesses électorales de réduction de la pression fiscale. Le gouvernement fait le choix du court terme, plutôt que de l’investissement à long terme, dans un groupe qui rapportera bientôt chaque année plus que ce que va apporter la vente de capital. Le gouvernement se prive aussi d’un outil de développement économique, hier indépendant des pressions de la bourse, demain soumis au diktat du Cac 40. Les commandes aujourd’hui passées à des sociétés françaises, comme Alstom, risquent fort de migrer demain vers l’est. Quant aux tarifs, l’intérêt de la collectivité pourrait bien passer après celui des actionnaires.
La voie choisie par le gouvernement voile donc un horizon qui s’annonçait serein le groupe. Gaz de France risque de manquer le train de l’Europe. Car s’il était demain réellement nécessaire d’augmenter le capital pour la survie du groupe, il ne resterait alors que quelques miettes à collecter. Les salariés risquent aussi fort d’être les premières victimes de ces choix qui, sous prétexte du financement de la lutte contre le chômage, généreront des licenciements. La France ne sera sans doute touchée qu’à la marge. Mais qu’en sera-t-il de la Hongrie, de l’Italie, de la Roumanie où le groupe est présent ? Quelle entreprise socialement responsable émergera des diktats d’une bourse sans cesse plus avide de profits ? La FCE-CFDT milite pour une autre solidarité que celle de la finance.